Championne et bénévole au coeur vaillant

(Sherbrooke, QC) Le samedi 15 avril 2017 - Il y a de ces rencontres dans la vie qui saisissent, transforment nos pensées, bousculent nos valeurs et inspirent l'âme.
Je n'aurais jamais imaginé découvrir une telle richesse au sein d'un groupe de bénévoles à la Coupe Dodge, et pourtant.
L'histoire d'Alexandra Fortier est toute sauf banale.
J'irais jusqu'à dire que le parcours de cette jeune femme de 24 ans est assez extraordinaire qu'il pourrait inspirer une histoire aux Denys Arcand ou Luc Dionne de ce monde.
D'abord, Alexandra est la 2e d'une famille de 12 enfants. Oui, oui, ce n'est pas une faute de frappe, DOUZE! (7 frères et 4 soeurs)
Enfant, elle a dû rapidement faire preuve d'altruisme et donner un coup de main à sa mère qui enseignait l'école à la maison. Pour ceux qui en doutait, oui ça se fait encore dans les années 2000.
Alexandra s'est occupée de l'éducation de ses plus petits frères et soeurs jusqu'à son entrée à l'école en 3e secondaire.
C'est à ce moment qu'elle découvre le monde extérieur, les amis, la musique...et le hockey. En fait, le hockey, Alex l'avait en tête depuis un bon bout de temps, mais comme ses parents avaient beaucoup d'obligations, elle a dû ronger son frein.
"Je leur demandais chaque année, mais ils me répondaient que le hockey coûtait cher et que ça nous priverait de moment en famille. Mes parents ont finalement accepté quand je leur ai dit que j'allais payer", raconte Alexandra.
Donc, après avoir amassé l'argent nécessaire avec du gardiennage et du travail dans les champs chez Bleu Lavande, la jeune adolescente de 13 ans s'inscrit au Bantam.
Avec l'aide de ses grands-parents, Alexandra donne ses premiers coups de patin, mais ce n'était pas évident au départ.
"Mes grands-parents m'ont toujours aidé en me donnant de l'équipement de hockey à Noël et ma fête. La première fois que je suis entrée dans un vestiaire, je savais pas comment le mettre, donc je regardais les filles s'habiller parce que je savais pas comment faire", dit-elle en riant.
"Encore pire, je n'avais jamais patiné, donc je tombais tout le temps. Heureusement, j'ai eu un bon coach et je me suis vite améliorée".
En même temps, la jeune Alexandra jouait au soccer et à 14 ans, devient entraîneure-chef de deux de ses soeurettes au soccer.
Elle le fera pendant 7 ans. Aujourd'hui, une des soeurs évolue au Senior et l'autre fait parti de l'équipe Québec qui tente de se qualifier pour les Jeux du Canada.
Au fil des ans, Alexandra est devenue une attaquante acharnée et combative. Robert Hamel, qui l'a dirigée pendant trois ans, était impressionné de l'intensité et la détermination dont elle faisait preuve.
Après 5 tentatives à la Coupe Dodge, c'est en 2014 qu'arrive la consécration.
À sa dernière année Junior A, Alexandra met la main sur la précieuse coupe présentée en Outaouais. Blessée à la hanche dès le 2e match, l'assistante-capitaine a dû s'en remettre à ses coéquipières pour espérer le titre.
Elle se souvient encore d'un geste touchant posé par son entraîneur. "Il m'avait habillé pour la finale et lorsque la victoire était dans la poche, le coach m'a laissé jouer les dernières secondes du match en compagnie des joueuses de 21 ans qui en étaient à leur dernière présence. Je n'oublierai jamais cette attention", confie-t-elle avec émotion.
Aujourd'hui, Alexandra s'implique comme bénévole à la Coupe Dodge et d'autres tournois à Sherbrooke, lorsque le temps le lui permet.
Elle jouait encore jusqu'à tout récemment dans une ligue de garage, mais la future a dû prendre une pause pour protéger sa petite Léa qui naîtra quelque part cet été.
C'est avec fierté qu'elle porte sa casquette et sa médaille de championne 2014 pendant qu'elle regarde la relève se démener pour mettre la main sur le titre 2017.
Les yeux pétillants, elle prépare les chambres des filles afin que ses dernières vivent des moments aussi mémorables que ceux vécus dans sa jeunesse pas si lointaine.
Et qui sait...peut-être qu'un jour Alexandra sera de nouveau championne à la Coupe Dodge, mais cette fois comme entraîneure de sa fille...
Du moins si la petite le désire, sa maman y sera avec plaisir!
Richard Langlois